Marylin Lamarche – Stage Mali 2012
Admirablement âgée, Mariam Diabate est femme, mère, grand-mère et bientôt arrière-grand-mère. Elle a vécu en brousse malienne toute sa vie sans connaître l’eau courante, l’électricité ou l’abondance de nourriture. Mariam vit de simplicité. Elle ne sait pas écrire son nom ou même en quelle année elle est née.
Mariam a le corps frêle, mais le cœur robuste. Elle aime tous ceux qui passent chez elle. Sincèrement. Juste comme ça, parce qu’elle sait reconnaître un humain. Chez elle, vivaient des cousins, des neveux, une Québecoise et même de simples connaissances. Tous égaux sous le manguier familial qui lui sert de refuge.
Mariam a le corps frêle, mais le cœur robuste. Elle aime tous ceux qui passent chez elle. Sincèrement. Juste comme ça, parce qu’elle sait reconnaître un humain.
Son mari est aveugle, malade et s’entête à porter une adorable tuque rose même lorsqu’il fait cinquante degrés. Elle valorise sans relâche son rôle dans la famille, bien que dans les faits, tout repose sur elle et l’un de ses fils.
Elle est la première à mettre les mains au feu pour raviver la flamme ; la première à s’inquiéter du sort des autres ; la première à jouer de la calebasse pour les fêtes de village ; la première à t’accompagner au travail main dans la main juste parce qu’elle sait que ça te va droit au cœur. C’est aussi la dernière à se coucher.
Elle sait même s’excuser parce que, des fois, c’est compliqué les différences culturelles. Elle le fait dans sa langue à elle qui devient limpide lorsque des mots aussi sincères franchissent ses lèvres. Elle le fait avec ses yeux-liseurs-d’âme, sa main sur la tienne et la voix chevrotante.
Jamais, hormis par ce texte, un occidental n’entendra parler de Mariam Diabate, ni de toutes ces super-femmes des milieux ruraux d’ailleurs.
J’ai vécu deux mois inoubliables chez Mariam Diabate. Nous avons construit une relation vraie et réciproque malgré la barrière de la langue. Trois ans plus tard, j’ai eu la chance de retourner au Mali et de la revoir. Sans une ride de plus, sans un gramme en moins, toujours énergique malgré la vieillesse et la rudesse du quotidien. Toujours aussi chaleureuse et le cœur à rigoler.
Jamais, hormis par ce texte, un occidental n’entendra parler de Mariam Diabate, ni de toutes ces super-femmes des milieux ruraux d’ailleurs. Pourtant, elles méritent mille hommages. Je m’estime plus que chanceuse d’avoir pu vivre sous le manguier de Mariam et lui souhaite intérieurement la santé à chaque jour qui passe.