Une enfance pour tous
Faire un stage en coopération internationale, ce n’est pas seulement aller à la rencontre d’une problématique. C’est aussi aller à la rencontre d’histoires et d’individus qui vivent cette problématique. À la suite de mon stage, le travail des enfants au Nicaragua représente pour moi bien plus qu’une statistique.
À mes yeux, promouvoir l’éducation au sein des communautés, c’est devenir amie avec Yeslin qui adore le soccer; réaliser que Danny est le comique de la classe; et apprendre, grâce à Amy, comment on joue à la tague ici. Ce sont ces enfants et ces adolescents, qui vivent quotidiennement cette problématique, mais qui sont bien plus que celle-ci, qui m’en ont le plus appris sur la coopération et l’échange culturel. À quoi devrait ressembler la journée typique d’un enfant du primaire? À vous de voir …
Un enfant de 10 ans de la communauté de Rio Arriba se lève un lundi matin. Il s’habille et part rapidement pour l’école: ses cours commencent à 7 h. Ce matin, comme tous les autres d’ailleurs, il n’y avait rien pour le déjeuner. Il assistera donc à ses cours le ventre vide et ne pourra penser à autre chose que la faim qui lui tenaille l’estomac. D’autant plus que ses parents lui répètent toujours que les récoltes sont plus importantes que l’école. Il ne voit donc pas l’utilité de porter attention. Il ne pense pas terminer l’année et passer au grade supérieur, ce n’est qu’une perte de temps.
Cet après-midi, comme tous les jours de la semaine, il quittera l’école avant la fin des cours pour aider ses parents dans les champs. Il y passe la majeure partie de sa journée et travaille sans relâche, peu importe les circonstances. Plus tard en journée, il traîne avec d’autres garçons qui, comme lui, ne vont plus à l’école. Comme leurs parents, ils seront des agriculteurs et n’ont donc pas besoin d’éducation. Il ne terminera pas le primaire. En raison des changements climatiques, son avenir ne sera pas assuré : la terre ne suffit plus à subvenir aux besoins.
Sensibiliser aux droits des enfants
Cette lutte se ressent au quotidien dans la communauté de Rio Arriba. L’agriculture de subsistance y est l’unique revenu de la grande majorité des familles. Le travail agricole est une réalité qui prime sur l’éducation pour beaucoup d’enfants. Par conséquent, cette communauté est l’une des trois où l’Institut de promotion humaine (INPRHU) a décidé d’implanter le projet Chemin vers l’éducation: stop au travail infantile. On souhaite ainsi conscientiser les citoyens aux droits des enfants et faire une différence à court, moyen et long terme dans la vie des jeunes. Ce qui appelle le scénario exposé ci-dessus à changer …
Certes, l’enfant de 10 ans originaire de Rio Arriba assistera à ses cours le ventre vide et ne pourra penser à autre chose que la faim qui lui tenaille l’estomac. Par contre, ses parents lui répètent que l’école est très importante. Alors, ses devoirs sont faits, il aime apprendre et fait de son mieux pour être attentif.
Cet après-midi, comme deux autres jours par semaine, il restera à l’école après les cours pour participer au groupe de peinture avec d’autres élèves. Ça le rend heureux et il acquiert de nouvelles compétences. Plus tard en journée, après le travail au champ, sa mère et son père le rejoindront à l’école afin de participer à un atelier de sensibilisation portant sur le travail des enfants et l’importance de l’éducation. Il restera à l’école plusieurs années. Malgré les changements climatiques, son avenir sera assuré puisqu’il trouvera un emploi pour subvenir à ses besoins.
L’organisme de défense des droits de la personne travaille depuis près de 30 ans au développement et à l’autonomisation des communautés rurales du nord du Nicaragua. Cette institution met en place, conjointement avec les habitants de ces communautés, des projets comme Chemin vers l’éducation. L’objectif : se porter directement à la défense des droits fondamentaux des enfants.
UNE ENFANCE POUR TOUS
Ayant pour but de protéger les droits à l’éducation, aux loisirs, à la participation et à la sécurité des jeunes, le projet assure le maintien d’espaces de développement libres de violences et de travail pour les jeunes de 6 à 16 ans de trois communautés.
Le projet vise également une hausse de la fréquentation scolaire des enfants d’âge primaire et préscolaire. Pour ce faire, l’INPRHU offre des ateliers sur l’importance de l’éducation auprès des jeunes, de leurs parents et de leurs professeurs. Des visites dans les écoles primaires ainsi que la distribution de matériel scolaire à l’occasion de la fin d’année figure parmi les moyens utilisés pour encourager et rendre possible l’inscription des enfants lors de la rentrée.
Cette année, ce sont quelque 400 enfants qui ont profité de cette initiative, développée par une équipe passionnée d’INPRHU. Au cours des huit dernières années, le projet a permis à des centaines d’enfants de développer de nouvelles compétences, de s’épanouir, d’apprendre, mais surtout d’être ce qu’ils sont, des enfants.
Laurie De Serre, stagiaire du Carrefour de solidarité internationale
Le programme de stages professionnels pour les jeunes est rendu possible grâce au soutien du Gouvernement du Canada.
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