Vivre en famille d’accueil péruvienne
VIVRE EN FAMILLE D’ACCUEIL PÉRUVIENNE
le 12 janvier 2024 par Charlène Grégoire
Les stages réalisés auprès du CSI de Sherbrooke et de son partenaire péruvien, l’ONG Ayni Desarrollo, offrent la chance d’être logés dans une famille péruvienne. À Quillabamba, la famille Diaz a accueilli plus de 35 Canadien(ne)s. Le témoignage suivant dresse un portrait de mon expérience inoubliable dans cette famille.
LA DÉCOUVERTE DE MA FAMILLE
J’ai toujours été excitée à l’idée de vivre en famille d’accueil péruvienne. Il s’agissait pour moi d’une opportunité unique d’intégrer la culture et de perfectionner mon espagnol. Quelque peu avant mon départ pour le Pérou, le CSI m’a remis une petite fiche décrivant ma famille : leurs noms, âges, occupations, animaux domestiques ainsi qu’une courte description de ma future chambre. Je savais déjà que je m’apprêtais à vivre une expérience extraordinaire lorsque j’ai appris qu’ils avaient 30 cochons d’Inde à la maison !
C’est derrière la façade d’un mur bleu poudre et de sa grande porte en bois brune que j’ai découvert une maison modeste, mais déjà tellement chaleureuse. Deux petits chiens courent à ma rencontre, et j’entends déjà les couinements des cochons d’Inde. J’observe un grand espace ouvert et de nombreuses variétés de plantes. On me présente ma chambre : les murs peints du même bleu, un lit simple, ma propre salle de bain, un espace de rangement. Je n’avais pas d’attentes, mais j’étais agréablement surprise. Je savais que j’allais être bien, mais j’étais encore loin de me douter que j’allais passer les trois prochains mois avec une famille aussi incroyable qu’est la famille Diaz.
Ma mamá, Adelma Mosqueira de Diaz, est une « ama de Casa », c’est-à-dire une femme au foyer, âgée de 66 ans. Son mari du même âge, Roberto Diaz est ingénieur agronome. Sous le même toit, habite également leur fils de 41 ans, Alvaro Diaz, avocat, ainsi que sa femme Fiorela et leur nouveau-né. Tous m’ont chaleureusement accueillie et m’appelaient déjà « hija », ma fille, pour les parents, ou bien « hermana », ma sœur, dans le cas d’Alvaro. Ils m’ont rapidement partagé que je n’étais pas la première canadienne qu’ils accueillent chez eux, mais bien la trente-sixième ! Ils me disent adorer recevoir et leur enthousiasme est palpable, surtout que je suis la première venue depuis la pandémie.
J’apprends à connaître leur routine et à découvrir la mienne. Toute la semaine, mamá Adelma se lève avant tout le monde, vers 5h du matin, pour préparer à déjeuner à son mari et à son fils qui partent travailler à Echarati, la ville voisine, vers 7h du matin. Je me lève peu après leur départ pour déjeuner en bonne compagnie de mamá. Je quitte peu après pour me rendre vers 8h au bureau de ayni Desarrollo, situé à moins de cinq minutes de marche de la maison. Je reviens dîner vers 13h, toujours en compagnie de mamá et parfois de Fiorella et son « wawa », bébé, en langue Quechua. Puis, nous soupons avec toute la famille vers 19h, une fois que tous sont rentrés du travail.
LA BEAUTÉ DU PARTAGE
Les repas partagés avec la famille nous ont permis de créer des liens uniques. Ils me posent des questions variées et offrent une écoute attentive et réconfortante, notamment pour quelqu’un qui apprend l’espagnol. Mamá Adelma est une femme charmante et divertissante, toujours avec une histoire à raconter. On partageait le même humour et un caractère semblable, bien qu’issues de générations et de cultures différentes. Adelma est une femme qui reconnaît l’importance de son rôle dans la maison et l’exerce avec fierté et assiduité. Un matin, je lui ai demandé pourquoi les hommes ne feraient pas leur propre déjeuner et elle m’a simplement répondu que c’était ainsi, « soy la mamá ». Je n’ai pas cherché à argumenter, je comprenais ce qu’elle me disait.
Elle me parle de ses racines quechuas et me cuisine des aliments traditionnels comme les « papas deshidratadas ». L’origine de ces pommes de terre déshydratées remonte aux Incas, une pratique leur permettant de conserver des pommes de terre pour plus de vingt ans, sans pour autant en perdre leur valeur nutritionnelle. Mamá Adelma défendait fermement leurs bénéfices, en me disant que ces patates ne font pas grossir ! Je goûte à tout et j’aime tout ce qu’elle me cuisine, ce qui la rend très heureuse. Elle me partage que c’est ce qu’elle apprécie grandement de recevoir des Canadiens, alors que son propre petit-fils refuse de manger certains aliments traditionnels. Nous avons cuisiné ensemble à quelques reprises et j’en garde de précieux souvenirs. D’ailleurs, je suis fière d’avoir été la première Québécoise à leur faire goûter notre fameuse poutine…qu’ils ont adoré !
BEAUCOUP PLUS QU’UN STAGE
Sans hésitation, la famille Diaz a fait de mon expérience de stage au Pérou l’une des plus incroyables. Je n’oublierai jamais leur générosité et les rires que nous avons partagés. Il s’agit de l’expérience interculturelle la plus riche et la plus vraie que je n’aurais pu imaginer, et j’en serai à jamais reconnaissante.